Le stress au travail est un risque professionnel auquel les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité et leur taille, doivent faire face. 22 % des travailleurs européens se plaignent de problèmes de santé liés à du stress au travail, la Suisse n’y échappe pas, puisqu’un tiers de la population suisse est stressée. Lorsqu’un individu ne parvient plus à s’adapter aux agents agresseurs, stresseurs, il peut s’épuiser et présenter un état de burn out. Ce syndrome d’épuisement professionnel provient de la rencontre entre un individu et une situation de travail dégradée. Il peut s’expliquer à la fois par des caractéristiques liées au travail et à l’individu. Le terme burn-out provient de l’aérospatial: en l’absence de carburant, la fusée explose car il y a surchauffe…
Le stress au travail
Toutes les activités professionnelles qu’elles s’exercent sur un chantier ou dans un bureau, présentent des exigences physiques ( faire des mouvements, porter des charges, adopter une posture) mais également des exigences mentales ( gestion cognitive des informations et des émotions).
Risques psychosociaux et stress
Les risques psychosociaux sont souvent résumés par simplicité sous le terme de » stress » qui n’est en fait qu’une manifestation de ce risque.
Le risque psychosocial c’est la probabilité de voir apparaître des troubles individuels ou collectifs qui ont pour origine l’environnement professionnel.
Dans les RPS, Risques psychosociaux, on parle du stress chronique, durable, c’est une exposition durable à des facteurs organisationnels qu’il faut traiter par la prévention.
Par contre un stress aigu dans une entreprise, un accident grave, par exemple, doit être traité en réparation ( soutien psychologique, etc), il ne relève pas des RPS.
On distingue 6 catégories de facteurs de risque de stress
Facteurs liés au contenu du travail :
activités monotones ou répétitives,
activités qui exigent de traiter un grand nombre d’informations
travail complexe
surcharge ou sous-charge de travail
Facteurs liés à l’organisation du travail
- Absence de contrôle sur la planification de ses propres tâches, absence de marge de manœuvre ( décider comment on fait ses propres tâches).
- Pression temporelle : interruptions fréquentes du travail, sentiment de devoir se dépêcher en permanence.
- Incompatibilité des horaires de travail avec la vie sociale et familiale.
- Statut précaire au plan de l’emploi
- Mise en œuvre du flux tendu ou de la sous-traitance, qui génère une diminution des marges de manœuvre des collaborateurs.
Facteurs liés aux relations de travail :
- Manque de soutien de la part des collègues, de la hiérarchie,
- Management peu participatif,
- Manque de reconnaissance dans le travail,
- Isolement social ou physique.
La souffrance éthique
- Conflits de valeurs, conflits éthique,
- lorsque le collaborateur n’a pas les moyens de faire un travail de qualité, selon les règles de l’art, c’est la qualité empêchée.
- Obligation de travailler d’une façon qui heurte sa conscience professionnelle.
Exigences émotionnelles
- Certaines activités mettent les collaborateurs en situation d’être en contact au quotidien avec des personnes en souffrance.
- Le travail émotionnel consiste dans l’interaction avec les bénéficiaires du travail à maîtriser et façonner ses propres émotions mais aussi à maîtriser et à façonner les émotions du bénéficiaire du travail ; le collaborateur doit parfois réprimer ses émotions..
Le facteur lié à l’injustice organisationnelle
tous les collaborateurs au sein d’une même organisation ne sont pas traités de la même façon, les règles d’organisation ne sont pas les mêmes pour tous ;
D’autres facteurs sont identifiés
- Des facteurs liés à l’environnement physique du travail,
- l’utilisation massive des nouvelles technologies de l’information et de la communication qui permettent de travailler à distance,d’être toujours connectés au travail,
- la compétitivité des entreprises au plan national et internationale, le contexte d’économie mondialisée, etc
Face à des facteurs organisationnels nocifs, chacun met en place des stratégies défensives qui sont toujours des stratégies de retrait, permettent de tenir plus longtemps, mais en situation de retrait on ne donne pas le meilleur de soi-même ( c’est négatif au plan de la productivité…).
Tout individu cherche à garder l’équilibre par tous les moyens.Lorsqu’il n’y parvient plus, lorsqu’il ne peut plus se mettre en retrait, il peut décompenser.
Il existe plusieurs phases d’adaptation aux agents agresseurs, puis au stade ultime c’est l’épuisement : c’est le burn out…
Le burn out
Le burn-out correspond à un épuisement professionnel, un processus de dégradation du rapport de l’individu à son travail, processus au bout duquel, complètement vidé de ses ressources, il s’écroule. Ce n’est pas une nouvelle maladie psychiatrique. Le terme de «burn out» provient de l’aérospatial: la fusée explose en l’absence de carburant car il y a surchauffe..Les 3 dimensions du burn out
Il n’existe pas de définition standard du burn out mais on peut le caractériser.
Cet état d‘épuisement émotionnel et mental s’accompagne de fatigue physique et se traduit par une prise de distance vis-à-vis de son travail. Il touche des personnes très investies sur le plan professionnel.
Le terme de burn-out a été utilisé dans les années 1970 pour décrire le syndrome d’épuisement au travail de professionnels de l’aide et du soin. Il a fait l’objet de nombreux travaux, notamment ceux de la psychologue Christina Maslach et a fait l’objet de nombreuses définitions, celle-ci fait l’unanimité :
Le burn-out se traduit par un état d’épuisement professionnel à la fois émotionnel, physique et psychique ressenti face à une situation de travail émotionnellement exigeante. L’épuisement conduit au burn out s’il est associé à une profonde insatisfaction dans le travailLe burn-out apparaît comme un phénomène complexe à 3 dimensions, c’est une dégradation du rapport subjectif au travail à travers 3 dimensions.
- C’est d’abord un épuisement émotionnel, psychique et physique, l’individu a le sentiment d’être complètement vidé de ses ressources, c’est une fatigue extrême résultant d’une exposition continue aux RPS : travail très exigeant mais manque de ressources pour y faire face, et dans le même temps les temps de repos habituels ( soir, week-end) ne permettent plus de soulager la fatigue qui devient donc chronique.
- C’est ensuite le cynisme vis-à-vis du travail qui constitue la 2ème dimension du burn-out : l’individu a une attitude négatuve envers son travail, il se détache de son travail, de ses collègues. Il deshumanise inconsciemment les autres, les met à distance, afin de se préserver face aux exigences émotionnelles du métier auxquelles il ne peut plus faire face.
- Dans sa 3ème dimension, le burn-out se caractérise par une perte de l’accomplissement personnel, une dévalorisation de soi, le sentiment d’être inefficace, de ne pas être à la hauteur.
Les symptômes du burn out
Le burn-out peut se traduire de diverses manières, ses manifestations ne sont pas spécifiques et s’apparentent pour certaines d’entre elles aux symptômes de stress chronique :
- des manifestations émotionnelles :
l’épuisement ressenti peut se manifester par des peurs mal définies, des tensions nerveuses, une humeur triste, - des manifestations physiques :
ce sont les plus fréquentes, à type de troubles du sommeil ( le sommeil n’est plus réparateur) fatigue chronique, vertiges, etc - des manifestations cognitives :
le burn-out retentit sur la capacité de l’individu à traiter l’information, diminution de concentration, difficultés pour réaliser plusieurs tâches à la fois, erreurs, oublis - des manifestations comportementales ou interpersonnelles :
l’individu peut se replier sur lui ou au contraire adopter un comportement agressif, ou des comportements addictifs ( alcool, drogues, etc) - des manifestations motivationnelles :
perte de motivation, effritement des valeurs liées au travail, l’individu se met à douter de ses propres compétences, pense qu’il n’est plus capable de faire son travail, se dévalorise.
Questionnaire de Maslach : outil de mesure et de détection du burn-out
Le MBI, Maslach Burnout inventory est le questionnaire scientifiquement validé le plus utilisé aujourd’hui, il peut-être utilisé au niveau individuel mais également au plan collectif, pour repérer les phénomènes de dégradation du rapport subjectif au travail et travailler ainsi sur ces difficultés qui heurtent les collaborateurs dans leur environnement de travail.
Causes du burn out
Le burn-out résulte d’une exposition à une conjonction de facteurs de risques psychosociaux sur une longue durée, qui ne permet plus de faire face aux exigences du métier. L’épuisement ne permet plus de mobiliser les ressources nécessaires à une forte implication dans le travail. Les conflits de valeurs ( sens du travail, qualité empêchée) jouent un rôle important dans l’apparition de ce syndrome.
Le burn-out est lié spécifiquement au travail et contrairement à la dépression l’individu en burn-out conserve le goût des choses en dehors de sa vie professionnelle.Comme pour le stress au travail, les études montrent que les traits de personnalité jouent un rôle dans la survenue de l’épuisement professionnel. On peut, notamment, citer le lien entre ce syndrome, l’instabilité émotionnelle (tendance à percevoir, construire et ressentir la réalité et les événements comme menaçants, pénibles et problématiques) et le caractère consciencieux (être méthodique, organisé, soigné, méticuleux, persévérant, etc.).
Toutefois, cela ne réduit en rien l’influence des facteurs de RPS liés au travail dans l’émergence du burn-out.
Un autre aspect individuel à prendre en compte est l’importance primordiale du travail dans la vie et l’identité de l’individu (sens donné au travail, valeurs qu’il véhicule).
Diagnostic différentiel : burn-out ou dépression ?
En l’absence de traitement, le burn-out peut évoluer vers une dépression.
Le burn-out concerne plutôt uniquement la vie professionnelle tandis que la dépression concerne à la fois la vie sociale et la vie personnelle. Au plan neurobiologique, on observe une augmentation des valeurs de l’inflammation dans le burn-out, alors qu’aucune modification n’est observée dans la dépression.
Traitement du burn out
Le traitement du burn-out repose sur :
- la thérapie comportementale,
elle doit permettre de rechercher les situations qui provoquent de l’insatisfaction et trouver des modalités pour les éviter,
par exemple ne pas consulter la messagerie le week-end, quitter le bureau à 19h, savoir dire non, etc
donc faire un travail sur soi-même, adopter de nouveaux comportements. - la thérapie médicamenteuse,
elle ne règle pas le problème mais permet de se détacher émotionnellement. - l‘arrêt de travail
doit être limité dans le temps et doit correspondre à un projet thérapeutique afin que la reprise de travail puisse se faire dans de bonnes conditions.
L’arrêt de travail, à lui seul, ne règle pas les problématiques. Si rien n’est fait durant l’arrêt de travail, le retour au travail est vécu comme une attaque de panique. - En l’absence de traitement le burn-out évolue vers la dépression.
Ce traitement au plan individuel doit s’accompagner d’une action de prévention au niveau de l’entreprise.
Stress, burn out : agir en prévention au niveau de l’entreprise
Comme pour l’ensemble des RPS, les causes (sur lesquelles il est possible d’agir en prévention dans l’entreprise) sont donc à rechercher dans l’organisation, l’environnement et les relations de travail.Ce sont, par exemple, la charge de travail élevée, l’extension des amplitudes horaires, l’isolement, l’absence d’espaces de discussion, le manque de soutien de la hiérarchie ou des collègues, la qualité empêchée, qui transformeront un engagement vertueux en un sentiment de gâchis pour l’individu.
Il existe plusieurs phases d’adaptation aux agents agresseurs, puis au stade ultime c’est l’épuisement.
L’entreprise, la structure privée ou publique peut, de manière très opérationnelle, prévenir le burn-out en intégrant les six familles de facteurs de risques psychosociaux dans sa démarche d’évaluation et de prévention des risques professionnels.
Le burn out expliqué par Patrick Legeron
Chaque individu dispose de ressources pour prévenir le burn out : ne pas trop surinvestir le travail, développer ses techniques de gestion du stress et enfin adopter une bonne hygiène de vie.
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Sites internet conseillés :
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- Stress professionnel
- Instrument d’analyse du stress S-Tool
- Risques psychosociaux au travail sur psyatwork.ch
- Harcèlement sexuel sur le lieu de travail
- Stressnostress.ch
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- healthy workplaces.eu
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